Création d’un univers de Fantasy : Les bases

Ou comment bien démarrer ?

    Créer un univers de fantasy est un défi d’envergure qui peut s’avérer écrasant si vous ne définissez pas clairement vos objectifs. Avant de vous lancer dans la création, posez-vous cette question cruciale :

Dans quel but créez-vous cet univers ?

    Votre objectif est-il d’écrire un roman unique, une saga littéraire ou un vaste univers pouvant accueillir toutes vos œuvres ? Sera-t-il le décor d’une seule campagne de jeu de rôle ou devra-t-il être suffisamment riche pour servir à de multiples joueurs et parties ? Est-il destiné à un média visuel comme un jeu vidéo ou une bande dessinée ? Où va-t-il remplir une tout autre mission ?

L’ampleur de l’univers et le travail à accomplir dépendront de votre but. Aurez-vous besoin d’une cosmogonie, d’une mythologie, d’une Histoire définie, d’une géographie précise ou simplement d’un aperçu général ? Si l’action se déroule dans un cadre restreint, comme une ville, devrez-vous créer davantage que cette seule ville ?

Commencer par lister vos besoins pour éviter de vous perdre dans un processus de création inutilement vaste.

Mon univers :

Pour ma création personnelle, je souhaite créer un univers de roman vaste intitulé « Les territoires planchers ». Cet univers accueillera mes romans, mais je veux aussi le rendre accessible à d’autres auteurs s’ils le désirent et me le demande. J’aurais donc besoin d’être précis et complet dans mon processus de création, tout en laissant des espaces vierges pour l’imagination et l’écriture. Je prévois donc une cosmogonie, une ambiance, une chronologie basée sur des événements importants, une géographie détaillée, des peuples et des cultures. J’ai choisi un objectif complexe afin d’explorer en profondeur toutes les facettes de la création d’un univers et de vous suivre dans la vôtre.

Quel niveau de réalisme visez-vous ?

Une étape cruciale dans la création d’un univers de fantasy est de déterminer le niveau de réalisme souhaité. Souhaitez-vous un univers très ancré dans le réalisme ou préférez-vous laisser libre cours à une fantaisie débridée ? Cette décision influencera grandement votre processus de création.

Un univers réaliste impose certaines contraintes liées aux lois de la physique, à la vraisemblance historique et culturelle. Bien que moins fantasque, un tel univers requiert une cohérence rigoureuse et des recherches approfondies pour créer un monde crédible. À l’inverse, un univers fantaisiste vous offre une liberté de création quasi illimitée, mais trop d’originalité mal maîtrisée peut rapidement rendre votre monde incohérent et confus.

Trancher cette question dès le départ vous permettra de mieux canaliser vos efforts créatifs et d’éviter de vous éparpiller. Un univers à la fantaisie modérée pourra emprunter des éléments reconnaissables à notre monde tout en intégrant des touches de merveilleux mesuré. Un univers résolument fantastique exigera davantage de règles et de cohérence interne pour ne pas sombrer dans l’absurde.

Quelle que soit votre décision, trouvez le juste équilibre entre réalisme et fantaisie pour servir au mieux votre univers. Un brin de magie renforce la crédibilité tandis qu’une once de vraisemblance ancre les éléments les plus fabuleux dans la réalité du lecteur. Déterminer ce curseur dès les prémices vous évitera bien des doutes et des remaniements futurs.

Pour « les territoires planchers », je souhaite rester dans le réalisme tout en incluant des éléments de Fantasy. Je ne me donne pas trop de limites. Je ne veux simplement pas tomber dans le burlesque, parce que c’est un domaine que je ne maîtrise pas du tout. Donc une certaine cohérence historique, une magie non excessive, mais une diversité de peuples et de races ainsi qu’une créativité sur l’Histoire plus libre.

Définissez l’ambiance générale de votre univers

L’ambiance globale de votre création influencera grandement l’expérience des lecteurs ou joueurs. Choisirez-vous l’option d’un monde froid et sombre où règnent la misère et la terreur et dans lequel il n’y a aucun espoir pour personne ? Un royaume de conflits sociaux où pourtant une lueur d’espérance réchauffe les cœurs ? Un univers féérique éclatant de couleurs et de magie ? Un champ de bataille éternel entre le bien et le mal aux frontières bien tranchées ? Ou plutôt un monde gris et nuancé, sans véritables héros ni antagonistes ?

L’exercice que je vous propose est le suivant : en une ou deux phrases concises, définissez les grandes lignes de l’ambiance générale que vous souhaitez insuffler à votre univers.

Pour exemple :

Le Seigneur des Anneaux (J.R.R. Tolkien) : Un monde médiéval fantastique où s’affrontent les forces du mal et la fragile alliance des peuples libres. L’ambiance oscille entre l’épique et le merveilleux, sur fond de lutte pour la survie de la Terre du Milieu.

L’Univers du Disque-Monde (Terry Pratchett) : Un univers humoristique où la magie burlesque côtoie un réalisme savoureux et une satire mordante de notre propre monde. L’ambiance particulière mêle fantasy déjantée et réflexions philosophiques piquantes.

Pour mon univers intitulé « Les Territoires Planchers », voici ce que j’ai écrit : nés des astres qui se sont écrasés sur le plancher de l’univers, les Territoires Planchers composent un monde aux limites indéfinies et inexplorées, où prospèrent et meurent des civilisations de peuples variés. L’ambiance y est contrastée, oscillant entre saisons ténébreuses et périodes lumineuses, sans lien avec les événements qui s’y déroulent.

Une fois cette ambiance générale établie, vous devrez cultiver à la fois votre curiosité pour trouver l’inspiration, et votre discipline pour ne pas vous égarer. Soyez curieux afin de nourrir votre créativité, mais discipliné pour consigner méthodiquement vos idées.

Quelles sont vos inspirations ?

Soyez attentif à tout ce qui vous entoure, car les idées peuvent surgir des endroits les plus inattendus. Ayez toujours un carnet à portée de main pour noter vos pensées et répertorier vos inspirations. Certaines idées sont déjà stockées dans votre esprit, d’autres sommeillent sur des notes éparses. Rassemblez-les dans un carnet et efforcez-vous d’y mettre de l’ordre.

La créativité est exacerbée par un sommeil profond et réparateur. Veillez donc à bien dormir durant votre processus créatif et consignez dès leur manifestation vos idées nées de rêves ou de réflexions matinales. Nourrissez-vous de lectures dans le genre que vous explorez, ici la fantasy. Visionnez des films, des vidéos, documentez-vous sur la mythologie, riche en modèles légendaires, créatures fantastiques et cosmogonies.

Ne vous contentez pas de lister, réécrivez les détails utiles avec vos propres mots et votre propre vision. N’omettez pas non plus d’établir des règles pour assurer la cohérence de votre univers. Celles-ci émergeront naturellement au fil de vos notes. Ne paniquez pas si tout semble d’abord se mélanger dans un capharnaüm désordonné, le prochain paragraphe et exercice vous permettra de faire un premier tri et un premier rangement.

Revenez sur vos besoins et leurs éléments clés

Plus tôt dans l’article, je vous conseillais de définir vos besoins. À présent, listez-les de manière plus précise et priorisez-les. Ils peuvent inclure : cosmogonie, mythologie, panthéon, géographie, société, magie, époque historique, niveau technique… Rappelez-vous que pour l’instant, vous définissez les grandes lignes et les idées générales, sans entrer dans les détails.

Je vous propose maintenant de relier vos notes, idées et inspiration du paragraphe précédent à vos priorités.

Pour exemple, pour « Les Territoires Planchers », je souhaite définir des conteurs pour cette série romanesque, une espèce particulière à la personnalité affirmée, observatrice, mais sans pouvoir d’action. J’avais noté des noms possibles (Mémoire, Empreinte, Archive, Postérité), des traits de personnalité (neutre, joviale/drôle, ténébreuse/pessimiste, curieuse/inquiète), ainsi que certaines caractéristiques comme leur nature immatérielle, invisible, leur incapacité à interagir, leur omniscience (sans omnipotence), leur immortalité supposée et leur impuissance à agir.

J’ai également besoin d’une cosmogonie, pour laquelle j’avais imaginé une approche naturaliste sans intervention divine : un espace fini aux limites nommées « entraves », où les astres (étoiles, planètes, soleils) perdent en mourant leur pouvoir de lévitation et s’effondrent sur le « plancher » de l’univers après des milliers d’années de chute.

Ce ne sont que des idées embryonnaires à peaufiner et détailler, mais elles forment une base pour l’ambiance générale de mon univers.

Conclusion

La création d’un univers de fantasy est un processus exigeant, mais passionnant. En définissant dès le départ vos objectifs, l’ampleur souhaitée et le niveau de réalisme visé, vous canaliserez efficacement vos efforts créatifs. L’ambiance générale, condensée en quelques phrases évocatrices, dictera le ton de votre monde.

Cultivez avec soin vos inspirations en restant ouvert à tous les stimuli créatifs qui vous entourent. Consignez méticuleusement vos idées, quelles que soient leurs origines — rêves, lectures, films ou documentation. Ne négligez pas l’importance de règles cohérentes qui donneront à votre univers sa propre logique interne.

Établissez une liste priorisée de vos besoins créatifs : cosmogonie, mythologie, géographie, sociétés, etc. Reliez chaque élément à vos notes pour former un tout organique. Ce travail préparatoire, même s’il semble abstrait, jettera les fondations solides sur lesquelles vous pourrez ensuite bâtir en détail votre univers de fantasy.

Laissez libre cours à votre imagination, mais n’hésitez pas à puiser dans les mythes et légendes existants pour nourrir votre propre créativité. L’essentiel est de tout faire converger avec cohérence vers la vision d’ensemble que vous avez définie. Un univers crédible et captivant naîtra alors de cette genèse réfléchie.

 

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